2005 / impression couleur

Le papier peint en tant que décor mural renvoit à un intérieur, un quotidien domestique, une intimité, une sécurité. Il est aussi le masque d’une cloison, d’une séparation et donc d’un isolement.
L’image choisie pour ce papier peint a été prise lors d’une chasse à courre, au moment où l’animal bât- l’eau.
L’eau verdâtre forme un fond homogène, duquel « émerge » une tête de cerf se répétant à intervalle régulier sans vis-à-vis. Les têtes se chevauchent sans que leur regard ne se croisent, ne se rencontrent jamais. L’ombre sur les bois du cerf donne une impression de creux au motif du papier peint et de par sa répétition lui confère un aspect capitonné.

Le rituel des préparatifs, leur déroulement, la traque sont l’orchestration d’une mise à mort. L’organisation de la mort mais surtout le plaisir que l’on en tire est propre à l’homme. Son respect du gibier semble légitimer sa fierté, exhibant ses trophées qui témoignent de ses victoires, conquêtes.

Le papier peint est une surface qui recouvre, tout comme l’eau qui y est représentée, cache. L’eau renvoie à une profondeur qui n’est pas sans évoquer la disparition, la noyade. L’eau, surface uniforme, indéfinie placée à la verticale, recouvre les murs, sans horizon, sans échappée possible et nous submerge pendant que les cerfs sont immergés.

C’est alors un papier peint de trophées de chasse entrain de se noyer qui recouvre les murs. Lorsque l’on perçoit qu’il s’agit d’un cerf aux abois, le papier peint a un impact qu’une image isolée si effrayante soit-elle, ne saurait avoir. La froide représentation d’une telle vision, amplifiée par la répétition indifférente d’un papier peint est terrifiante. Tout comme hanging man, sleeping man ( 1989) de Robert Gober où le motif d’un homme noir pendu est juxtaposé à celui d’un blanc endormi le tout sur un fond couleur crème.